Hier, donc, retour de l'Assemblée Générale d'Hauteville...
Comme l'écrivait Marion hier soir, ça se bouscule à l'intérieur. Le sentiment qui domine aujourd'hui en moi est une espèce de résolution. Pas vraiment comme certaines personnes prennent des résolutions le 1er janvier. Je pensais aussi au cliché : "le régime ? je commence lundi", souvent synonyme de "demain, on rase gratis". Et j'ai la fâcheuse tendance à me laisser bercer par le mental et ses promesses jamais tenues.
Non, là, ce n'est pas une résolution de ce type, ou une décision, ça pousse de l'intérieur. Peut-être est-ce ce que Corinne appelle "être porté" par ce qu'on a reçu et entendu - et son beau témoignage aux côtés d'Arnaud et d'Alain me porte à son tour aujourd'hui, tout comme les paroles magnifiquement humaines de Véronique, de Daniel et d'Alain.
Je me suis senti drôlement bien dans la rue en allant à la piscine aujourd'hui, dans l'eau en nageant, et à nouveau dans la rue en revenant : un peu comme un fauve qui observe et avance paisiblement, et lentement, avec un sourire invisible, tout simplement content, parfois même au frôlement de l'amusement.
Je repensais à ce qu'avait dit Corinne, sur ce mental qui masque le Silence et qui, lorsque le voile des pensées est déchiré, revient chaque fois "en grande forme", comme dit Daniel. Là, aucun grand voile de déchiré il me semble, et c'était bizarre d'avoir autant de pensées, de jugements, d'émotions, alors que je me sentais en même temps si paisible et silencieux, si léger.
Je ne sais pas et je ne saurai jamais sans doute ce qu'ont vraiment perçu chacune des autres personnes lors de la réunion de clôture où Arnaud a longuement parlé, mais ce que je ressens à présent, c'est cette impression qu'il a planté une graine.
Il y a quelques années, je ne me doutais pas qu'il existait encore des sages, je pensais que c'était réservé aux temps jadis... ou du moins ceux d'aujourd'hui étaient des enfants à côté des Anciens - et au fond, je n'avais aucune idée de ce qu'était la sagesse, ou plutôt j'en avais une idée, mais rien qu'une idée, peut-être très belle, mais très pauvre. Et en fait, ce qui me surprend en y repensant, c'est combien cette idée, cet idéal même, était
en dessous de la réalité.
Comment expliquer le rayonnement d'un sage ? ça ne ressemble à rien de ce qu'on connaît déjà, et c'est infiniment plus que ce qu'on peut concevoir ou imaginer. Infiniment plus ou plutôt infiniment
autre. C'est, avec mon coeur d'aujourd'hui en tout cas, le Mystère et la Lumière émanant d'un
homme ici et maintenant.
Je repensais à ces paroles, venues d'un autre contexte : "nous avons vu, et nous avons cru". Bon, je sais comment de telles formules peuvent résonner dans les oreilles de certains (parce que j'ai moi-même longtemps ricané quand j'entendais des choses aussi "naïves", "sentimentalistes", d'"âmes d'esclaves", ou simplement "d'allumé") ; mais l'essentiel est de savoir où l'on met le sérieux. OM
J'ai été particulièrement touché lorsqu'Arnaud a évoqué avec une telle clarté et une telle profondeur la réelle présence à ses côtés de Mâ Ananda Mayi et Swami Prajnanpad, à jamais vivants dans l'éternité de l'instant présent.
Aujourd'hui, je ne sais pas ce que c'est, un sage ; et en présence d'Arnaud, ce qu'est un sage, je ne le sais pas davantage, mais je le ressens, et je me sens porté.
Pourvu que ça dure...
Il y a aussi la gratitude que je ressens pour toutes les personnes que j'ai entendues sous le chapiteau, ou que j'ai retrouvées ou rencontrées. Notamment Eric Edelmann, qui m'a accordé quelques minutes dimanche matin, et que j'aimerais encore remercier d'avoir écrit ce beau livre,
Jésus parlait araméen. Mais je me souviens de ce que Gilles avait mis en lumière il y a quinze jours, et je peux dire aujourd'hui que je ressens aussi de la gratitude pour cette part de moi qui a bien voulu se déplacer, écouter, lutter contre le sommeil, et faire l'effort d'essayer de comprendre.
J'ai un peu de scrupules enfin à publier ce post, parce que j'ai peur de trahir et quelque part de faire honte, par le manque de hauteur de vue et de compréhension de tout ce qui a été donné, et qui est sacré. Mais je me dis aussi que rien ne peut entâcher Cela ; et je ne crois pas nuire à quiconque non plus qu'à moi-même en partageant ces moments pour entretenir le feu de la Sangha.