Bernard de Clairvaux
En un premier temps, cette connaissance provoque le repentir, c'est-à-dire la douleur : le rire alors se change en larmes, le chant en lamentations, la joie en deuil. Et tout ce qui, auparavant, te plaisait tellement se met à te déplaire, et tu prends tout spécialement en aversion ce qui te plaisait tout spécialement. Car voici ce qui est écrit : "Qui accroît sa connaissance, accroît aussi sa douleur", en sorte que nous trouvons une preuve d'une connaissance authentique et juste dans la douleur qu'elle entraine.
En un deuxième temps, la connaissance conduit à se corriger : désormais, "tu ne fais plus de tes membres des instruments d'injustice", mais tu réfrènes la gourmandise, tu jugules la luxure, tu rabaisses l'orgueil, et tu mets ton corps au service de la sainteté, tout comme auparavant il était au service de l'injustice. En effet, le repentir sans la correction ne sert de rien ; comme le dit le Sage : "L'un bâtit, l'autre démolit : qu'ont-ils gagné sinon du labeur ?" En effet, à celui qui s'est purifié après avoir touché un mort, puis le touche à nouveau, il ne sert de rien de s'être lavé". Au contraire, selon la parole du Sauveur, "qu'il veille à ce qu'il ne lui arrive pas quelque chose de pire".
Mais comme on ne peut persévérer bien longtemps dans ces attitudes si l'esprit, infatigablement, ne veille lui-même avec la plus extrême attention, en un troisième temps la connaissance suscite la vigilance : désormais l'homme se met "à marcher en toute vigilance avec son Dieu", se surveillant de tous côtés de peur d'offenser, si peu que ce soit, le regard de cette redoutable Majesté.
Au degré du repentir, on est allumé ; à celui de la correction, on brûle ; à celui de la vigilance, on éclaire, de telle sorte que l'on se trouve rénové intérieurmeent et extérieurement.
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