Arunachala, la montagne sacrée.

Arunachala, la montagne sacrée.

jeudi 30 août 2007

Annamalai Swâmî

Question : Nous sommes habitués à faire des distinctions entre les choses. Vous dites : "Méditez que vous êtes le Soi". Si j'essaye de cultiver ce sentiment "Je suis le Soi", ce ne sera pas la chose réelle. Ce ne sera qu'une autre idée dans le mental. Est-ce que le fait de penser à cette idée peut réellement m'aider ?

Annamalai Swâmî : Quand je dis : "Méditez sur le Soi", je vous demande d'être le Soi, pas d'y penser. Soyez conscient de ce qui demeure quand les pensées s'arrêtent. Soyez conscient de la conscience qui est l'origine de toutes vos pensées. Soyez cette conscience. Sentez que c'est ce que vous êtes réellement. Si vous faites cela, vous méditez sur le Soi. Mais si vous ne pouvez pas vous stabiliser dans cette conscience parce que vos vâsanas sont trop fortes et trop actives, il est bénéfique de se cramponner à la pensée "Je suis le Soi ; je suis tout." Si vous méditez de cette façon, vous ne coopérez pas avec les vâsanas qui obstruent votre conscience du Soi. Si vous ne coopérez pas avec vos vâsanas, tôt ou tard elles sont obligées de vous quitter.

Si cette méthode ne vous attire pas, alors, observez simplement le mental avec pleine attention. Chaque fois que le mental erre, prenez-en conscience. Regardez comment les pensées se lient les unes aux autres et regardez comment ce fantôme appelé mental s'empare de toutes vos pensées et dit : "Ceci est ma pensée". Observez les habitudes du mental sans vous identifier à elles d'une quelconque façon. Si vous accordez à votre mental une attention pleine et détachée, vous commencerez à comprendre la futilité de toutes les activités mentales. Observez le mental errer çà et là, chercher des choses ou des idées futiles et inutiles qui en fin de compte ne feront que lui créer de la souffrance. Observer le mental nous donne une connaissance de ses procédés intérieurs. Cela nous incite à rester détaché de toutes nos pensées. Au bout du compte, si nous nous efforçons avec assez d'ardeur, cela nous donne la capacité de demeurer en tant que conscience, inaffectés par les pensées éphémères.

Comme une montagne de camphre,
Râmana Maharshi - Annamalai Swwâmî,
Enseignements sur la voie de la non-dualité (Advaita), pp. 101-102.

Une autre approche de "David contre Goliath"

Bill Evans & Jim Hall



mercredi 29 août 2007

La mort des abeilles met la planète en danger

Les abeilles s'éteignent par milliards depuis quelques mois. Leur disparition pourrait sonner le glas de l'espèce humaine.

C'est une incroyable épidémie, d'une violence et d'une ampleur faramineuse, qui est en train de se propager de ruche en ruche sur la planète. Partie d'un élevage de Floride l'automne dernier, elle a d'abord gagné la plupart des Etats américains, puis le Canada et l'Europe jusqu'à contaminer Taiwan en avril dernier. Partout, le même scénario se répète : par milliards, les abeilles quittent les ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible, pas plus que de squatter pourtant prompt à occuper les habitats abandonnés.

En quelques mois, entre 60 % et 90 % des abeilles se sont ainsi volatilisées aux Etats-Unis où les dernières estimations chiffrent à 1,5 million (sur 2,4 millions de ruches au total) le nombre de colonies qui ont disparu dans 27 Etats. Au Québec, 40 % des ruches sont portées manquantes.

En Allemagne, selon l'association nationale des apiculteurs, le quart des colonies a été décimé avec des pertes jusqu'à 80 % dans certains élevages. Même chose en Suisse, en Italie, au Portugal, en Grèce, en Autriche, en Pologne, en Angleterre où le syndrome a été baptisé « phénomène «Marie-Céleste» », du nom du navire dont l'équipage s'est volatilisé en 1872. En France, où les apiculteurs ont connu de lourdes pertes depuis 1995 (entre 300.000 et 400.000 abeilles chaque année) jusqu'à l'interdiction du pesticide incriminé, le Gaucho, sur les champs de maïs et de tournesol, l'épidémie a également repris de plus belle, avec des pertes allant de 15 % à 95 % selon les cheptels.

« Syndrome d'effondrement »

Légitimement inquiets, les scientifiques ont trouvé un nom à la mesure de ces désertions massives : le « syndrome d'effondrement » - ou « colony collapse disorder ». Ils ont de quoi être préoccupés : 80 % des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées. Sans elles, ni pollinisation, et pratiquement ni fruits, ni légumes. « Trois quart des cultures qui nourrissent l'humanité en dépendent », résume Bernard Vaissière, spécialiste des pollinisateurs à l'Inra (Institut national de recherche agronomique). Arrivée sur Terre 60 millions d'année avant l'homme, Apis mellifera (l'abeille à miel) est aussi indispensable à son économie qu'à sa survie. Aux Etats-Unis, où 90 plantes alimentaires sont pollinisées par les butineuses, les récoltes qui en dépendent sont évaluées à 14 milliards de dollars.

Faut-il incriminer les pesticides ? Un nouveau microbe ? La multiplication des émissions électromagnétiques perturbant les nanoparticules de magnétite présentes dans l'abdomen des abeilles ? « Plutôt une combinaison de tous ces agents », assure le professeur Joe Cummins de l'université d'Ontario. Dans un communiqué publié cet été par l'institut Isis (Institute of Science in Society), une ONG basée à Londres, connue pour ses positions critiques sur la course au progrès scientifique, il affirme que « des indices suggèrent que des champignons parasites utilisés pour la lutte biologique, et certains pesticides du groupe des néonicotinoïdes, interagissent entre eux et en synergie pour provoquer la destruction des abeilles ». Pour éviter les épandages incontrôlables, les nouvelles générations d'insecticides enrobent les semences pour pénétrer de façon systémique dans toute la plante, jusqu'au pollen que les abeilles rapportent à la ruche, qu'elles empoisonnent. Même à faible concentration, affirme le professeur, l'emploi de ce type de pesticides détruit les défenses immunitaires des abeilles. Par effet de cascade, intoxiquées par le principal principe actif utilisé - l'imidaclopride (dédouané par l'Europe, mais largement contesté outre-Atlantique et en France, il est distribué par Bayer sous différentes marques : Gaucho, Merit, Admire, Confidore, Hachikusan, Premise, Advantage...) -, les butineuses deviendraient vulnérables à l'activité insecticide d'agents pathogènes fongiques pulvérisés en complément sur les cultures.

Butineuses apathiques

Pour preuve, estime le chercheur, des champignons parasites de la famille des Nosema sont présents dans quantités d'essaims en cours d'effondrement où les butineuses, apathiques, ont été retrouvées infectées par une demi-douzaine de virus et de microbes.

La plupart du temps, ces champignons sont incorporés à des pesticides chimiques, pour combattre les criquets (Nosema locustae), certaines teignes (Nosema bombycis) ou la pyrale du maïs (Nosema pyrausta). Mais ils voyagent aussi le long des voies ouvertes par les échanges marchands, à l'image de Nosema ceranae, un parasite porté par les abeilles d'Asie qui a contaminé ses congénères occidentales tuées en quelques jours.

C'est ce que vient de démontrer dans une étude conduite sur l'ADN de plusieurs abeilles l'équipe de recherche de Mariano Higes installée à Guadalajara, une province à l'est de Madrid réputée pour être le berceau de l'industrie du miel espagnol. « Ce parasite est le plus dangereux de la famille, explique-t-il. Il peut résister aussi bien à la chaleur qu'au froid et infecte un essaim en deux mois. Nous pensons que 50 % de nos ruches sont contaminées. » Or l'Espagne, qui compte 2,3 millions de ruches, est le foyer du quart des abeilles domestiques de l'Union européenne.

L'effet de cascade ne s'arrête pas là : il jouerait également entre ces champignons parasites et les biopesticides produits par les plantes génétiquement modifiées, assure le professeur Joe Cummins. Il vient ainsi de démontrer que des larves de pyrale infectées par Nosema pyrausta présentent une sensibilité quarante-cinq fois plus élevée à certaines toxines que les larves saines. « Les autorités chargées de la réglementation ont traité le déclin des abeilles avec une approche étroite et bornée, en ignorant l'évidence selon laquelle les pesticides agissent en synergie avec d'autres éléments dévastateurs », accuse-t-il pour conclure. Il n'est pas seul à sonner le tocsin. Sans interdiction massive des pesticides systémiques, la planète risque d'assister à un autre syndrome d'effondrement, craignent les scientifiques : celui de l'espèce humaine. Il y a cinquante ans, Einstein avait déjà insisté sur la relation de dépendance qui lie les butineuses à l'homme : « Si l'abeille disparaissait du globe, avait-il prédit, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre. »

PAUL MOLGA
Source : http://www.lesechos.fr/info/energie/4611614.htm
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Un autre article sur le sujet, à certains égards intéressant :

La disparition des abeilles causée par les téléphones portables ?

Il se murmure que les abeilles disparaissent, annonçant une catastrophe écologique, et que la cause pourrait en être la multiplication des téléphones portables à cause de la pollution électromagnétique qu’ils provoquent (l’électrosmog).

Selon des chercheurs allemands de la Landau University la saturation des ondes désorienterait tellement les abeilles qu’elles ne pourraient plus rejoindre leur ruche, ce qui pourrait entraîner leur extermination en provoquant ce qu’on appelle en anglais Colony Collapse Disorder, et en français la "maladie de la disparition". Voilà ce qu’on pourrait prendre effectivement pour un signe annonciateur de notre propre disparition...

Non seulement on est bien face à un risque majeur, même si les ondes n’en sont probablement pas la véritable cause, mais on peut y voir aussi une fable sur l’inconscience avec laquelle nous travaillons à notre propre destruction en détruisant systématiquement nos conditions vitales, tout cela à cause d’une conception un peu trop myope de la productivité et d’une rentabilité immédiate. On verra que c’est une leçon écologique qui s’applique tout autant à l’économie cognitive et qu’il faudrait aussi en tirer les conséquences dans la préservation des milieux humains.

La disparition

La disparition des abeilles est un risque sérieux qu’il ne faut pas prendre à la légère. Une légende voudrait qu’Albert Einstein ait dit un jour : « Si les abeilles venaient à disparaître, l’homme n’aurait plus que quatre années devant lui. Sans abeilles, plus de pollinisation, plus de plantes, plus d’animaux, plus d’hommes ». C’est sans doute un peu exagéré mais en l’absence de pollinisation, la production agricole s’effondre effectivement déjà. Les abeilles sont les messagères des fleurs en plus d’être les sentinelles de la vie dont elles recueillent le miel. Elles servent de transporteurs pour l’information génétique de l’écosystème végétal, d’entremetteuses pour la fécondation sexuelle des plantes, c’est une fonction vitale pour de nombreuses espèces européennes.En fait, les antennes-relais ne semblent pas pouvoir être la cause première de la disparition des abeilles, puisque celle-ci a commencé bien avant, mais cela pourrait du moins constituer le dernier des coups portés à leur environnement naturel, car, ce qui est sûr, c’est que les abeilles disparaissent dans une bonne partie des Etats-Unis...

D’abord les faits. Depuis 1971 la moitié des abeilles ont disparu progressivement des Etats-Unis à cause de l’urbanisation, des pesticides, des acariens (Varroa destructor), etc. mais depuis 2006 l’épidémie de CCD (Colony Collapse Disorder) a touché jusqu’à 75% des abeilles de Géorgie, d’Oklahoma, de Pennsylvanie, du Wisconsin ou de Californie :En 2007, les disparitions d’abeilles ont atteint un pic alarmant, qualifié de catastrophique par les spécialistes, menaçant la pollinisation de plusieurs cultures maraîchères. Les pommiers, mais aussi les amandiers, les avocatiers, les cerisiers, les oignons, les concombres, le coton, l’arachide, le melon, etc. dépendent de 90 % à 100 % des abeilles pour leur pollinisation. L’impact économique de ces disparitions est estimé à environ quinze milliards de dollars par an aux États-Unis.Les disparitions d’ouvrières, bien que déjà observées par le passé, ont en 2007 de nouvelles caractéristiques qui sont estimées alarmantes : les abeilles ne reviennent pas à la ruche et "disparaissent" littéralement, ce qui est un comportement nouveau et très peu caractéristique de ces insectes ; les abeilles mortes ne s’accumulent pas dans la ruche mais disparaissent. Les autres caractéristiques de l’épidémie de 2007 sont que ces pertes sont rapides : en une nuit, une colonie entière disparaît, ne laissant à la ruche que la reine et quelques ouvrièresD’abord circonscrit aux États-Unis, le phénomène semble s’étendre à l’Europe où des cas similaires ont été décrits en Espagne, en Pologne, en Allemagne, au Portugal, en Italie, en Grèce et, peut-être, au Royaume-Uni.

La dégradation de l’environnement

La situation est donc bien inquiétante, au moins aux USA. Selon le Los Angeles Time du 27 avril 2007, l’agent responsable de ces disparitions d’abeilles serait probablement un champignon unicellulaire Nosema ceranae, mais c’est loin d’être sûr et contesté par certains car ce parasite est assez bien connu déjà. Ce serait surtout le signe d’une mauvaise santé des ruches, une immuno-déficience dont les causes peuvent être multiples (manque de diversité génétique à cause d’une sélection génétique intensive, utilisation d’antibiotiques, qualité de la végétation, pesticides, voire réchauffement climatique, virus etc.). Tout cela ne cadre pas tellement pourtant avec une disparition si rapide et qui se passerait à l’extérieur de la ruche.

Un article du 15 avril 2007 de The Independent a répandu l’hypothèse, reprise un peu partout, que les téléphones portables pourraient être la cause de la disparition des abeilles. La pollution électromagnétique (l’électrosmog) provoquée par les lignes à haute tension ou les antennes-relais désorienterait les abeilles suffisamment pour les empêcher de retrouver leur ruche, menaçant ainsi leur survie. La sensibilité des abeilles aux champs magnétiques semble bien établie et cela peut jouer autour des émetteurs, de là à provoquer la disparition de 75% des abeilles, il y a une marge qu’on ne peut franchir, et qui a d’ailleurs fait l’objet d’un démenti. C’est tout au plus une perturbation supplémentaire qui s’ajoute à bien d’autres car, malheureusement, ce n’est pas la seule menace qui pèse sur les abeilles : on n’a que l’embarras du choix dans les raisons possibles de leur extinction !

Ont été mis en cause le Gaucho, le Régent, certains OGM, l’introduction d’une espèce d’abeille géante (abeille tueuse) importée d’Afrique au Brésil et qui a par la suite migré vers le Nord (Texas, Californie). Tous ces facteurs semblent jouer un rôle. On ne sait ce qui est le plus déterminant mais on s’acharnerait à les faire disparaître, qu’on ne ferait pas mieux ! Le pire, c’est qu’il se pourrait que la dissémination de ruches sur tout le territoire de l’épidémie pour reconstituer la pollinisation puisse avoir favorisé la contamination par un virus, le remède là aussi (antibiotiques, sélection, OGM) ne faisant qu’aggraver le mal (on a vu au mois d’avril qu’une trop grande uniformisation favorise les épidémies, une des fonctions des virus étant de préserver la biodiversité). Cela pourrait prendre les allures d’une catastrophe où tout ce qu’on fait se retourne contre nous, alors que tout s’écroule autour de nous...

On n’en est pas encore là, ne serait-ce que pour une raison fondamentale : les abeilles ne sont pas originaires des USA, leur disparition éventuelle ne menace donc pas l’écosystème local, seules les plantes importées et surtout les cultures industrielles peuvent en pâtir. Tant que le phénomène est circonscrit aux Amériques, ce n’est pas dramatique mais c’est bien ce qui n’est pas sûr et qu’il faut surveiller. C’est en Europe que le phénomène deviendrait catastrophique se répercutant sur toute la chaîne alimentaire, et il n’y a absolument rien d’impossible à ce que nous ayons déjà importé l’épidémie ! Les abeilles disparaissent aussi en France par exemple. C’est le Gaucho qui a été incriminé dans ce cas, mais ce n’est sûrement pas, là non plus, la seule cause. On l’a dit, les causes ne manquent pas, hélas ! (on en trouvera ici une liste ou sur Wikipédia mais en anglais). C’est peut-être parce que la cause réelle et unique n’est pas encore connue, mais tout de même, la liste a de quoi inquiéter.

Les abeilles pourraient bien être les sentinelles qui nous signalent la détérioration de notre environnement même si ce n’est pas vraiment la clé de voûte de tout l’écosystème. Leur extinction ne serait pas la fin de tout, mais ce serait un véritable désastre en Europe ! Malgré cela, on peut parier que, même si des ondes radio pouvaient en être la cause, il serait trop difficile de revenir en arrière et se passer des téléphones cellulaires qui ne sont pourtant pas si vieux ! On préférerait se passer des abeilles et de quelques fleurs ou de quelques fruits traditionnels. Heureusement, il ne semble pas que la pollution électromagnétique puisse être si grave, sauf à grande puissance. Toutefois, cela manifeste la difficulté d’appliquer le principe de précaution, aussi indispensable que problématique, exigence impossible à satisfaire, impossible à s’en passer... On est toujours limité à l’état des connaissances de son temps, sans pouvoir imaginer ce qui n’a pas encore été découvert ! De plus, il faudrait avoir des certitudes alors qu’en écologie il n’y a que des probabilités, des risques de réactions en chaîne et des interactions réciproques bien difficilement prévisibles. Il y a donc toutes les raisons de croire qu’on ne pourrait arrêter un tel enchaînement funeste. La seule façon d’éviter de jouer avec le feu serait d’arrêter de s’acharner contre notre environnement, arrêter de se conduire comme des brutes irresponsables et reconstituer plutôt, dans notre intérêt bien compris, les équilibres écologiques trop malmenés de notre milieu vital. Il nous faut cultiver notre jardin après l’avoir dévasté.

La fable des abeilles

Pour finir, on pourrait tirer de cette histoire une nouvelle "fable des abeilles" très instructive. On sait que la première "fable des abeilles" , celle de Mandeville (l’homme du diable !), et qui n’a pas tellement de rapport avec les véritables abeilles, a pu avoir une certaine importance à l’aube du capitalisme britannique, en 1714, réussissant la prouesse de fonder l’économie sur les intérêts les plus bas (l’envie, l’intempérance, le luxe, la friponnerie) au nom du paradoxe que l’appétit de consommation et les vices privés concourent au bien public ! Depuis Robinson Crusoé jusqu’à Malthus ou Spencer (plus que Nietzsche) c’est bien une inversion de toutes les valeurs qui s’est imposée, morale individualiste paradoxale mais toujours bien vivante comme morale de la réussite financière, de la concurrence et du marché.

La seconde "fable des abeilles", plus réaliste, nous dit tout autre chose sur ce qui nous relie aux autres espèces et sur notre dépendance du milieu, sur les limites des perturbations qu’on peut y apporter tout comme les limites de son exploitation au profit de notre intérêt immédiat ! C’est un renversement complet de perspective. Yann Moulier-Boutang donne en exemple l’activité de pollinisation des abeilles comme illustration de la nouvelle richesse sociale qui se constitue dans une société de la connaissance où ce n’est pas la production directe de miel qui est la plus importante mais la contribution des abeilles à la dissémination de l’information génétique, activité "gratuite" dont le coût (plus de 50 milliards) s’avère bien plus considérable, lorsque la pollinisation vient à manquer, que le montant assez ridicule comparativement (quelques centaines de millions) des ventes de miel.

C’est un peu la même chose dans la production immatérielle à l’ère de l’information et des réseaux numériques, lorsque travail et revenus ne sont plus linéaires et ne se comptent plus en temps de travail, lorsqu’il n’y a plus de séparation nette entre le travail et la vie, entre temps de formation, d’information et de loisir, entre la personnalité et la profession, entre producteur et consommateur, lorsque toute avancée résulte de la coopération des savoirs et de l’environnement économique ou social, lorsque les intermittents du spectacle d’un festival culturel assurent la richesse touristique de la ville où ils se produisent ou lorsque bénéfices secondaires et produits dérivés sont plus importants que les recettes directes... Cette situation nouvelle devrait nous mener à l’abandon progressif de la prétention à tout mesurer comme à vouloir une individualisation toujours plus poussée, changement de cap qui paraît bien improbable quand évaluation et individualisme sont à leur paroxysme ! Effectivement pourtant, dans cette économie cognitive, la productivité est devenue largement globale, en grande partie déterminée par les "externalités positives" (infrastructures, niveau de formation, institutions, services publics, biens communs, qualité de la vie, sécurité, relations) de même qu’elle subit les contraintes des "externalités négatives" (pollutions, embouteillages, corruption, défiance, précarité, désorganisation, etc.). Dans ce contexte, il devient bien problématique de faire la part de chacun dans le résultat final, et plus on va vers une économie de l’innovation et de la relation, de créations culturelles et de services, plus le travail indirect ou "non-productif" devient essentiel, ce qu’on peut appeler la pollinisation de la société par toutes sortes d’activités gratuites ou hors travail (justifiant dès lors d’un "revenu garanti"). On voit que les bienfaits d’un développement humain et relationnel, dont nous récolterons tous les fruits, peuvent remplacer avantageusement, dans le modèle de la nouvelle économie cognitive, les bienfaits supposés de nos vices et du calcul égoïste dans l’économie marchande.

Si on ne veut pas tuer la poule aux oeufs d’or, il ne faut pas détruire le tissu social mais le nourrir au contraire et l’ensemencer, favoriser le développement humain et l’épanouissement de chacun au profit de tous ! Utopie ? Non, c’est de continuer à tout détruire qui serait complètement utopique ! C’est un peu comme les premiers paysans qui ont dû apprendre à enrichir la terre plutôt que de continuer la politique de la terre brûlée. Il faudra bien apprendre à prendre soin de nous comme de notre monde, ne pas épuiser nos ressources pour un profit immédiat mais gérer en bon père de famille notre capital naturel et culturel afin de préserver nos richesses pour nous comme pour les générations futures. Ne pas briser la chaîne de la vie mais la répandre à tous vents, de la fleur à l’abeille et de l’abeille au miel pour d’autres récoltes à venir. C’est du moins la morale qu’on peut tirer de cette fable sur la disparition des abeilles et de leur pollinisation, en restant vigilant sur les menaces bien réelles qui pèsent sur elles comme sur notre planète globalisée.

Source : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=24313



mardi 28 août 2007

Marc Aurèle


En ce moment même, j'ai ce que veut que j'aie en ce moment la Nature universelle et je fais en ce moment ce que ma propre nature veut que je fasse en ce moment.

Pensées, V, 25,2.

dimanche 26 août 2007

Du lourd, mais vide

Les astronomes ont trouvé un énorme trou dans l’Univers, de presque un milliard d’années-lumière de large, vide de matière normale comme des étoiles, des galaxies, de gaz, et de la mystérieuse et invisible "matière noire". Alors que des études précédentes avaient montré des trous, ou des vides, dans la structure à grande échelle de l’Univers, cette nouvelle découverte les fait paraître tout petit.

"Non seulement personne n’avait jamais trouvé un vide aussi grand, mais nous n’avions jamais même prévu d’en trouver un de cette taille," commente Laurent Rudnick (University of Minnesota). Rudnick, avec Shea Brown et Liliya R. Williams, également de l’Université du Minnesota, ont rapporté leurs résultats dans un papier accepté pour publication dans Astrophysical Journal.

Les astronomes savaient depuis des années que, sur de grandes échelles, l’Univers a des vides en grande partie dénués de matière. Cependant, la plupart de ces vides sont beaucoup plus petits que celui trouvé par Rudnick et ses collègues. De plus, le nombre de vides découverts diminue lorsque la taille augmente.

"Ce qui nous avons trouvé n’est pas normal, basé sur les études d’observations ou sur les simulations sur ordinateur de l’évolution à grande échelle de l’Univers," ajoute Williams.

Les astronomes ont tiré leur conclusion en étudiant des données du NVSS (NRAO VLA Sky Survey), un projet qui image le ciel entier visible avec le radio télescope VLA (Very Large Array) de la NRAO (National Radio Astronomy Observatory). Leur étude minutieuse des données du NVSS a montré une diminution remarquable dans le nombre de galaxies dans une région du ciel dans la constellation de l’Eridan (Eridanus).

"Nous savions déjà qu’il y avait quelque chose de différent au sujet de cette tache dans le ciel," ajoute Rudnick. La région avait été surnommée "WMAP Cold Spot", la "Tache Froide de WMAP," parce qu’elle sortait de l’ordinaire dans une carte du rayonnement de fond de micro-onde cosmique (CMB, pour Cosmic Microwave Background) faite par le satellite WMAP (Wilkinson Microwave Anisotopy Probe), lancé par la NASA en 2001. Le CMB, les faibles ondes radio qui sont le rayonnement restant du Big Bang, est la première "image de bébé" disponible de l’Univers. Les irrégularités dans le CMB montrent les structures qui ont existé seulement quelques cent mille années après le Big Bang.

Le satellite WMAP a mesuré des différences de température dans le CMB qui sont seulement de l’ordre du millionième de degré. La région froide dans l’Eridan a été découverte en 2004.

Les astronomes se sont demandés si la tache froide était intrinsèque au CMB, et en conséquence indiquait une certaine structure dans le jeune Univers, ou si elle pouvait être provoquée par quelque chose de plus proche à travers lequel le CMB a dû passer sur son trajet vers la Terre. La découverte de la pénurie de galaxies dans cette région en étudiant les données du NVSS a résolu cette question.

"Bien que nos résultats étonnants aient besoin de confirmation indépendante, la température légèrement plus froide du CMB dans cette région semble être provoquée par un énorme trou exempt de quasiment toute matière à approximativement 6-10 milliards d’années-lumière de la Terre," ajoute Rudnick.

Comment un manque de matière peut provoquer une température plus froide dans le rayonnement restant du Big Bang vu depuis la Terre ?

Les photons du CMB gagnent un peu d’énergie quand ils traversent une région de l’espace peuplée de matière. Cet effet est provoqué par l’énigmatique "énergie sombre" qui accélère l’expansion de l’Univers. Ce gain dans l’énergie du photon fait que le CMB semble légèrement plus chaud dans cette direction. Quand les photons traversent un désert vide, ils perdent un peu d’énergie de cet effet, et ainsi le rayonnement CMB passant par une telle région semble plus froid.

L’accélération de l’expansion de l’Univers, et par conséquent l’énergie sombre, a été découverte il y a moins d’une décennie. Les propriétés physiques de l’énergie sombre sont inconnues, bien que ce soit de loin la forme la plus abondante d’énergie dans l’Univers aujourd’hui. L’étude de sa nature est l’un des problèmes actuels les plus fondamentaux en astrophysique.

Source : Gilbert Javaux - PGJ Astronomie
http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=51850

Pyrénées

samedi 25 août 2007

Sagesse et folie


L'insensé reconnaissant sa folie est, en vérité, sage. Mais l'insensé qui se croit sage est vraiment fou.

Bouddha


Le fou se croit sage et le sage se reconnaît fou.
William Shakespeare

jeudi 23 août 2007

Hegel



Constater ce qui est, tel que cela est, semble infiniment plus élevé et plus grave que de dire à tout propos : "Voilà comment cela devrait être".

Leçons sur la Philosophie de l'Histoire, Paris, 1946, trad. Gibelin, introduction, p. 43

Thèse

Pour répondre à Philippe et Acouphene : oui, je fais une thèse depuis 5 ans, et elle avance tranquillement. Cela fait des mois (si ce n'est des années) que j'en ai très marre, et c'est donc ma sadhana du moment. Je dispose à présent de 280 pages quasi définitives, et je fais de mon mieux pour la terminer avant Noël, mais en ce mois d'août c'est pas évident : d'abord, je dois faire des remplacements à l'hôtel, ce qui me vaut quatre nuits de 12 heures du jeudi au dimanche pendant 4 semaines ; ensuite, depuis bientôt trois semaines, j'enchaine les soucis de santé : notamment un petit problème à une dent de sagesse qui a nécessité la prise d'antibiotiques, auxquels j'ai fait une réaction allergique (sans parler des autres effets secondaires désagréables), qui me vaut une inflammation des reins, chose très douloureuse, qui traine depuis 10 jours...
Quant au sujet de la thèse, il concerne les conditions de possibilité d'une métaphysique qui ne soit pas un idéalisme, dans le contexte d'une étude sur les rapports entre la condition humaine et la transcendance. Je mène cette étude dans la perspective de l'Intégralisme, philosophie fondée par Jean Granier. Ce philosophe, d'abord nietzschéen, a élaboré une méthode à partir des apories laissées par Nietzsche, pour finalement s'ouvrir à la dimension d'une Transcendance radicale.

mardi 21 août 2007

lundi 20 août 2007

Rabbi Zouzya

Rabbi Zouzya, un sage hassidique du XVIIIe siècle, déclara peu de temps avant sa mort :

"Dans le monde qui vient, la question qu'On va me poser n'est pas :
Pourquoi n'as-tu pas été Moïse ?, mais
Pourquoi n'as-tu pas été Zouzya ?"

jeudi 9 août 2007

dimanche 5 août 2007

jeudi 2 août 2007

De retour

Bonjour à tout le monde, me voici donc revenu à Toulouse après un séjour à Hauteville et trois jours de vacances en Auvergne. Ce soir, hôtel, pour changer un peu : bof pour la motivation, mais Dieu fait tout pour le mieux, alors ok pour le bof et ok pour le reste - enfin je fais de mon mieux. Et je n'oublie pas que, comme le dit Daniel, "un oui à 99% est un non à 100%"...

Je ne sais pas trop quoi dire du séjour auprès d'Arnaud ; pour l'instant, j'aimerais juste remercier Jean-Pierre, dont la présence "en-calcatienne" et les encouragements m'ont aidés dans les moments où les décisions se prennent. Merci Jean-Pierre.