Arunachala, la montagne sacrée.

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jeudi 14 juin 2007

Maître Oshima

Demain, départ pour Paris, où Maître Oshima donnera un cours de 3 heures samedi matin. Grand moment, auquel je me prépare intérieurement depuis quelques semaines, puisque je n'ai pas pratiqué le karaté depuis deux ans... hum, hum... PEUR !

Voici quelques extraits d'une interview accordée par le Maître à Pierre-Yves Bénoliel, journaliste du magazine "KARATE", datant de décembre 1983.


Karaté : Que pensez-vous de l'évolution du Shotokan, depuis les postures hautes pratiquées par Maître Funakoshi, jusqu'au style actuel , très bas ?
Tsutomu Oshima : Dans évolution, il y a l'idée d'amélioration. Tout le monde pense que le karaté s'est amélioré. Je ne le crois pas. Le nombre de pratiquants a augmenté, oui. Mais je vais vous donner un exemple. Prenons un soldat français actuellement, et un soldat de Napoléon. Je ne pense pas qu'un jeune d'aujourd'hui puisse battre un soldat de la Grande Armée. La mentalité a totalement changé. Nous vivons dans le confort, nous mangeons bien ... et nous pratiquons le karaté seulement une ou deux heures par jour. Mettons quatre heures pour les champions. Vous appelez ça une évolution? En ce qui concerne Maître Funakoshi, je me suis entraîné avec lui : il était tout petit ! Il mesurait environ 1,50 m.Il n'avait pas besoin d'adopter une posture basse ! Mais c'est sous son influence que nous avons appris à travailler ainsi.
(...)
K : Actuellement , un pratiquant moyen s'entraîne 2 fois 2 heures par semaine . Est-ce suffisant pour être efficace ?
T.O. : Non, bien sûr, 4 heures par semaine, cela ne mène nulle part ! C'est juste un exercice physique comme le golf. Cependant, prenons l'art martial que nous appelons budo, en japonais. Les gens qui pratiquaient depuis leur plus tendre enfance et toute leur vie durant, les samouraïs. Eux étaient de véritables budokas, je ne suis qu'un débutant à côté. Mais j'essaye de transmettre quelque chose, pas seulement une technique . Vous devez respecter la culture de vos ancêtres, de vos parents. La réussite matérielle n'est pas tout. Si nos ancêtres des arts martiaux nous regardent, ils ne peuvent pas accepter que nous nous croyions supérieurs à eux. Prenez la jeune génération au Japon, en France, aux U.S.A. : les jeunes champions d'aujourd'hui ne sont rien ! Ils ignorent, et j'essaie de vous le dire. Quand je vois un garçon qui remporte un championnat devenir célèbre, quand on me parle d'évolution du karaté, je dis : comment les gens peuvent-ils penser cela ? Personnellement, j'ai connu les 2 époques. J'ai pratiqué avec l'esprit de mes seniors, l'esprit de mon maître, puis avec de jeunes gens. De grands hommes et des garçons immatures. Si nous devenons humbles, si nous essayons de nous polir nous-mêmes, de pratiquer encore mieux que nos ancêtres, alors chacun d'entre nous aura une dignité propre. Ils ont eu leur vie, nous aurons la nôtre : c'est ce que j'appelle la dignité humaine. Sans faire d'efforts, si vous atteignez la célébrité et la richesse, vous ne serez qu'une "grande gueule". Au lieu de cela, respectez vos ancêtres : ils ont mené une vie merveilleuse. Ils étaient honnêtes, stricts et courageux, prêts à mourir pour la justice. De nos jours, de peur d'avoir des ennuis, on n'ose pas prendre parti. Les arts martiaux enseignent que l'ennemi véritable, c'est soi-même. L'homme le plus fort est celui qui peut se regarder en face tout au long de sa vie. Il n'a pas forcément une coupe à la main. (...)

Oi zuki

K: Un de vos élèves m'a dit que vous considériez oi zuki [coup de poing direct donné avec un large pas en avant] comme la technique la plus difficile . Pouvez-vous expliquer pourquoi ?
T.O. : Pour moi, oui, c'est la plus difficile, aussi simple soit-elle. Peut-être parce que je suis très maladroit ... Non, sérieusement, uraken, par exemple, est un mouvement tout à fait naturel. Si vous le faites dix mille fois, même sans sac, vous pourrez l'utiliser. Oi zuki, j'ai du le faire environ deux millions de fois dans ma vie. Et je me dis parfois : peut-être que de telle façon ... C'est un mouvement très sophistiqué.
En combat , personne n'a envie de mourir : il faut arriver à projeter son esprit pour pénétrer la garde de l' adversaire. Si quelqu'un atteint ce niveau mental, le corps et la technique suivent : voilà ce que j'appelle oi zuki. C'est très difficile. Le mouvement seul ne signifie rien. Cette technique est très réaliste et très efficace en combat réel. En championnat, ça ne marche jamais. Pour moi, un karatéka qui peut descendre son adversaire avec un seul oi zuki a vraiment atteint un certain niveau.
(...)
K: Quel est, d'après vous, le rôle d'un professeur ?
T.O. : C'est un peu comme un père. Même si mes élèves me prennent pour un fou, l'important est qu' ils deviennent de bons pratiquants et des êtres humains valables. Je me moque de ce qu'ils peuvent penser.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

bon stage, soit le plus ouvert et réceptif possible à ce Maître.
Je vois qu'il est né en 1930...

Stéphane a dit…

Etre humble et fort: oui ça me parle encore.